NOUVEAU
PAS D'HÉLICE, HÉLAS C'EST LÀ QU'EST L'OS !! Tout était fin prêt en ce 15 juin 2017, nous devions rejoindre le sud de la Suède en moins de 5 heures de vol pour une réunion du Club Orion chez nos amis les frères Nyberg qui construisent un G-802, mais bi-hélices pour faire fi de l'arbre de transmission. Pat avait peaufiné la nav depuis plusieurs semaines: achat des cartes, vérification des zones, compilation des fréquences, bref tout ce qui compose la préparation scrupuleuse des navs. Donc le jour dit, les pleins sont faits, la météo est prise, et pour une fois, elle nous promet un temps de curé sur tout le parcours et ce pour quelques jours en prime. On arrive au hangar, nous chargeons les bagages et sortons l'Orion, après une pré-vol des plus minutieuse, comme d'habitude. Nous voilà à bord, contact avec la tour de LFRK et en route pour Kristianstad ESMK, terrain qui se trouve à 61 kms au sud-est de Malmö. 
Décollage à 10 heures 40 et nous atteignons facilement le 35, notre altitude de croisière avant Deauville que nous contactons pour qu'ils nous accompagnent dans leur zone. Passés entre le Pont de Normandie et le Pont de Tancarville (joli vue sur les méandres de la Seine), nous contactons Rouen pour continuer sur Abbeville. 
Le Pont de Normandie.
A partir de là, je remarque comme une vibration inhabituelle de l'avion et je cherche à corriger ça en jouant sur la PA, puis sur la richesse ou sur le pas de l'hélice, mais sans grand succès, je dois dire. Venant de passer Abbeville, nous décidons d'appeler Lille car Rouen ne nous a toujours pas libérés. Ceux-ci nous signalent que l'on aurait dû les contacter plus tôt et nous demandent notre positrion car leur radar est en panne (eh ben voyons, c'est bien le jour !). Pat se précipite sur sa carte pour faire un recoupement et moi je consulte mon GPS pour leur donner notre position. Je leur signale que Merville-Calonne se trouve en vue et légèrement à gauche de notre route. je n'ai pas le temps de finir ma phrase lorsqu'à ce moment un bruit un peu plus intense et..................le silence le plus total envahit le cockpit......... nous sommes en planeur ! Je signale à Pat que nous n'avons plus de propulsion (car je pense effectivement à ce moment que le moteur s'est arrêté). J'annonce à Lille que je passe d'urgence sur la fréquence de Merville à qui je ne dis même pas les MAYDAY, MAYDAY, MAYDAY comme je le devrais, mais je leur fais part de mes soucis et ils dégagent gentiment et promptement le circuit pour mon approche
Je me rappelle le précieux conseil de mon moniteur dans l'ALAT qui me disait:" Quoiqu'il arrive, tu pilotes l'appareil !" Tout se passe très vite....... Quand tout cela arrive, nous nous trouvons à 3500 ft (environ 1000 m) et en vue du terrain de Merville. Donc, il ne suffit plus que de faire une belle PTL comme on me l'a appris. En finale, je remarque le seuil décalé avec ses 3 grosses croix blanches et je dis à Pat: "Si je rate la piste, je peux toujours me faire ça sans problème !" Sauf qu'à ce moment là, j'aperçois au milieu, les poteaux supportant les feux d'approche et cette option, du coup, ne me semble plus du tout raisonnable. Heureusement, j'ai encore suffisament de vitesse et donc je pousse un peu sur le manche pour prendre un poil de badin et exécuter un joli saut de dauphin pour ainsi me poser sans soucis sur la piste qui est très longue. Après le kiss, je me laisse glisser jusqu'au premier taxiway sur la gauche pour bien dégager la piste, puis je sors de l'Orion pour chercher la cause éventuelle de notre problème et là, grosse surprise, je dis à Pat:"On n'a plus d'hélice !" "Quoi ?" me dit-elle Ce n'est pas vraiment l'hélice qui a décidé de faire divorce sans consentement mutuel mais le mini arbre qui passe à travers la boîte de roulements sur lequel vient se fixer le porte hélice qui s'est arraché juste après le roulement arrière. 
On dirait un jet, non ? Ensuite Flyco vient nous chercher pour nous remorquer vers un hangar et après, nous avons dû faire les différentes démarches après incident. Notre première crainte fût que l'objet soit tombé sur la tête de quelqu'un ou sur un bâtiment mais la gendarmerie de l'air de Lille nous a vite rassurés. Restait donc la nature environnante....... Imperturbables, nous avons donc continué notre périple vers Kristianstad en voiture de location (une Smart 4, pas terrible !): 18 heures de route au lieu de 5 heures en Orion. Mais bon, j'ai toujours dit que depuis que l'on avait commencé à construire un avion, on n'avait jamais autant roulé !! 
Joli posé en planeur. 
Le Flyco nous a tiré sagement jusqu'au hangar. L'aventure continue une semaine après car le tracé GPS nous a vite indiqué l'endroit exact où l'hélice nous avait quitté et, avec l'assistance sympathique d'Olivier Briand, président du Club Orion, on s'est mis en tête de la retrouver. 
Tracé GPS du 15 juin 2017. Donc les aller-retours sur Merville pour la recherche de la batoire et la remise en état de l'Orion ont commencé......ce qui a permis de visiter le Nord. Pendant le weekend suivant, nous avons quadrillé toute une zone susceptible d'avoir accueilli l'OVNI. Nous avons rendu visite à toutes les communes environnantes et tous les exploitants agricoles car la saison des moissons approchant nous voulions les prévenir de faire attention pour ne pas abimer leurs matériels. Nous avons donc marché à travers bois, champs de maïs ou de patates pour rentrer fatigués......... mais bredouilles.  
Recherche dans la campagne du Nord. Le weekend suivant, le président y retourna seul avec un drone et en changeant la zone d'exploration mais rentra bredouille passant plus de temps à chercher le drone. Donc on décida d'attendre la fin de la moisson et voir si quelqu'un la retrouverait. Et bien le lundi suivant, j'ai reçu un coup de fil de la tour de Merville pour m'annoncer qu'une personne en rentrant de vacances avait retrouvé l'hélice posée dans un pré derrière chez lui et l'avait ramenée à la tour où elle était à ma disposition. 
La fugueuse au pied de la tour de Merville. 
La Co-pilote est heureuse !! L'intérêt de la revoir était surtout de pouvoir l'examiner et d'expertiser les dégats. Deux pales étaient fendues (abimées en passant dans des arbustes) mais celle qui avait planté était intacte. Bien sûr ces pales vont au musée mais le moyeu intact a resservi lui. Après expertise, il s'est avéré que l'acier dans lequel la pièce avait été réalisée, si il était approprié, il n'avait pas reçu le traitement thermique préconisé. L'Orion a regagné sagement son bercail le 13 août 2017 et depuis il revole à la satisfaction de son pilote et de sa co-pilote. La pièce incriminée a été remplacée temporairement par un prêt aimable d'un constructeur en attendant la réalisation d'un ensemble complètement ré-étudié en résistance et design. Après cogitations de plusieurs membres du club mais particulièrement d'Olivier, la version 12 a été approuvée et réalisée dans un atelier spécialisé CMBA à St Pierre sur Dives. Je les recommande. 
Il est indéniable que ce jour là, nos anges gardiens ont fait pour nous des heures supplémentaires !!! LA CONSTRUCTION AMATEUR EST UNE GRANDE ET BELLE AVENTURE !!
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